LA VOIX DU CORPS – L’Art de la présence
Ce logo, qui apparaît sur bon nombre de pages de ce site, est celui de l’association que je préside et qui a été publiée au Journal Officiel en février 2025.
Cette structure me permet de faire appel à des intervenants extérieurs dont les activités correspondent à l’objet de l’association, et de les rémunérer.
Dans les statuts, l’objet précise entre autres que l’association est dédiée au bien-être par la pratique d’activités physiques d’harmonisation des tensions corporelles, d’amélioration de la posture et de la conscience de soi par l’écoute du corps.
Il précise aussi que l’association a pour but de permettre d’accroître la présence à soi ou la conscience de soi par l’observation active de ses schémas ou mécanismes habituellement inconscients.
Voilà qui marque la tonalité et l’esprit des pratiques corporelles que je propose depuis plus de vingt ans, et qui ont évolué au fil du temps en s’ouvrant à une compréhension plus fine de la conscience de soi.
En effet, en plus de tonifier, assouplir, renforcer le corps, améliorer son équilibre et son agilité – qui sont des effets secondaires positifs, l’accent est mis sur la présence à soi-même à travers le mouvement corporel.
La présence à soi-même se renforce par l’attention au corps
La plupart du temps, notre attention est soit dispersée, soit captivée et orientée étroitement vers un objet, qu’il soit intérieur (un problème à résoudre avec sa tête, une émotion qui m’ébranle…), ou extérieur (la lecture d’un livre, la télévision, une tâche à accomplir, et tout simplement le spectacle de la vie courante et ses incessantes stimulations…).
Le poids du mental (les pensées qui tournent…) nous expulse sans arrêt de nous-même.
En d’autres termes, notre attention est naturellement la proie d’un mouvement qui la chasse hors de nous-même.
Dans la vie de tous les jours, il est très difficile de garder son attention sur le corps en effectuant nos activités habituelles.
Très vite, l’attention est happée par les phénomènes extérieurs, elle s’échappe, et nous fonctionnons la majeure partie du temps en mode automatique, coupés du corps.
Dans ce mode automatique, que l’on pratique un sport ou non, notre corps est vécu comme un outil qui, si on a de la chance, fonctionne bien, ou si on a moins de chance, fonctionne moins bien et nous limite dans notre mobilité.
Il en résulte toujours des tensions corporelles, une fuite énergétique, mais aussi des schémas de mouvement et de comportement rigides dont nous ne sommes pas libres, et souvent pas conscients.
Le corps comme faire-valoir ou épouvantail
Au fil de mon questionnement sur la façon dont le corps est vécu par la majorité, j’ai pu observer qu’il y avait surtout deux modalités, avec une gamme de nuances, et/ou en oscillant sans cesse de l’une à l’autre :
– soit on l’aime et on lui accorde un regard « positif »;
– soit on le néglige en s’en désintéressant vaguement, ou alors on ne l’aime carrément pas (regard absent ou « négatif »).
Pour la plupart d’entre nous, il faut que le corps soit un instrument docile qui réponde à nos attentes et volontés :
– en termes de plastique (le « beau corps » selon les normes sociétales);
– en termes de source de plaisir (sport, nourriture, sexe, avec décharge hormonale d’endorphines, de dopamine…);
– en termes de machine efficace pour l’action.
S’il répond dans le bon sens, il a une chance d’être « aimé », valorisé, validé, conforme.
Côté esthétique, si on a le bonheur d’avoir des proportions physiques agréables (naturellement ou grâce à des efforts soutenus), alors on peut vouloir le montrer et on veut que les autres le regardent et trouvent qu’il est beau, on peut même l’exposer sur les réseaux sociaux : on en fait un objet de fierté et il faut qu’il soit vu !
En revanche, s’il ne colle pas aux standards de beauté du moment, ou s’il est douloureux à cause de tensions, maladies, inconforts physiques, ou s’il dysfonctionne et nous limite dans nos actions, il devient mal-aimé, voire détesté, rejeté, une vraie bête noire qui nous embête, bref, une source de complexes et de tracas.
Quel esclavage dans les deux cas !
Peut-on apprendre à aimer son corps sans tomber dans ces polarités et vaciller de l’une à l’autre selon les jours ou les situations et périodes de la vie ?
Peut-on l’aimer sans en faire ni un objet de valorisation égotique, ni une bête de somme, ni un ennemi ?
Le retour au corps comme matrice de la conscience de soi
La réponse est oui, mais disons-le tout de go : ce n’est pas facile.
C’est un travail de chaque instant qui passe par un retour à l’attention aux sensations corporelles, dans une neutralité tendre et bienveillante.
Accueillir une sensation, qu’on la nomme agréable ou désagréable, avec l’intention de lui laisser de l’espace, ça s’apprend, et c’est la seule voie pour vraiment habiter son corps, le réintégrer dans une conscience plus vaste, et l’aimer vraiment.
Comme on le voit, pour habiter son corps, il ne suffit pas de faire du sport, ou du yoga. Cela peut être – ou pas – un début, un moyen, mais ce n’est pas du tout suffisant.
Au contraire, si l’on est dans l’état d’esprit que le corps doit être dompté, conformé, cela va entretenir un mécanisme de maltraitance de ce corps que l’on veut rendre apte, souple, ou musclé, ou bien dimensionné pour nourrir une estime de soi sans doute fragile et tributaire du regard des autres.
Entendons-nous : je ne dis pas qu’il ne faut pas faire de l’exercice physique, loin de là !
L’exercice physique va avoir plein de bénéfices pour la santé et notre équilibre général, d’autant plus s’il est pratiqué en étant adapté à chaque personne dans son individualité.
Surtout, c’est un moyen fabuleux pour apprendre à habiter son corps, si l’on développe une vraie écoute de l’intelligence de ce corps, par une attention non jugeante.
Et la difficulté est bien là : sortir du jugement.
Le non jugement est nécessaire pour entrer dans une authentique intimité avec son corps, pour développer une relation de paix avec lui.
Cela n’enlève pas le discernement, et on peut avoir une aspiration forte pour modifier son corps et le rendre plus compétent par un entraînement approprié.
On apprend ainsi à augmenter ses capacités, à repousser ses limites avec sagesse, et à accroître son énergie.
En plus, et c’est là le sésame tant recherché, on apprend à faire de notre corps notre refuge, une matrice où l’on sait que l’on va pouvoir revenir pour se retrouver, se poser, se ressourcer, comprendre des choses sur soi, car notre corps est une formidable boussole de nos états intérieurs.
Alors un amour vrai pour le corps peut se développer, un amour qui demeure quoiqu’il arrive, qu’il soit « en forme » et en santé, ou pas.
Cet amour vient progressivement remplacer le désamour, ou le faux amour narcissique et variable selon les circonstances.
Habiter son corps grâce au mouvement
Le mouvement est donc particulièrement propice pour renforcer l’attention et la présence à soi.
Dans les cours de Gym Posturale, nous apprenons à porter notre attention progressivement sur plusieurs parties du corps en même temps, et à la maintenir active. On s’entraîne à l’empêcher de s’échapper.
Par exemple, je demande à mes élèves de garder leur attention sur le périnée pendant toute une séquence de mouvements, et d’ajouter la sensation des plantes de pieds et des chevilles, puis d’ajouter la sensation des épaules, puis d’une autre partie du corps, que cette partie soit en mouvement ou non (on peut chercher à sentir une partie du corps passive, qui ne fait pas le mouvement), etc.
Si ça dure 10 secondes, ou même 30, ça va, mais si ça dure plusieurs minutes, on entre vraiment dans quelque chose d’inhabituel où sentir à quel moment l’attention s’échappe fait aussi partie du processus.
Dans cet espace, nous pouvons atteindre une sérénité et une liberté d’être en dehors de nos mécanismes inconscients habituels.
Il en découle une plus grande qualité de présence et d’attention à soi-même qui peut ressurgir dans le quotidien et s’ouvrir vers l’extérieur sans perdre le contact avec soi.
On peut alors dire qu’on habite son corps. Le corps n’est plus déserté au moindre stimulus (pensées, émotions, mouvements mécaniques).
Un pas plus loin…
Bien sûr, on peut aller beaucoup plus loin en entraînant l’attention au corps tout au long de la journée et en l’ouvrant au monde extérieur.
Par exemple : être capable de sentir son ventre, ou une main, ou ses pieds en contact avec le sol pendant toute une conversation avec une personne, ou lors d’un conflit inattendu, ou simplement en lisant ses mails, ou en prenant son repas…
On se rend vite compte à quel point l’attention au corps est fragile et fugitive, vite chassée par les émotions et les pensées.
Observons-nous le quart d’un instant quand nous sommes absorbés dans les réseaux sociaux, et nous nous rendrons vite compte que la conscience du corps est totalement absente, parfaitement inexistante !
Nous sommes coupés de nous-mêmes, captifs de nos schémas émotionnels et mentaux.
Nous devenons mécaniques, et donc prévisibles, et si l’on veut aller plus loin : programmables (comme une machine !).
L’observation de soi au fil de la journée (à ne pas confondre avec de l’introspection), c’est un pas plus loin, vers une dimension qui excède l’espace des activités proposées ici.
Mais il est important d’avoir à l’esprit que revenir à la présence au corps est la porte vers la liberté de l’Être, vers une pensée supérieure et des émotions plus raffinées, plus vraies et non duelles.
La Voix du Corps – L’Art de la Présence
A l’avenir, des personnes professionnelles dont la ligne de travail correspond à cet intérêt pour la présence au corps pourront proposer leurs activités dans le cadre de l’association LA VOIX DU CORPS – L’Art de la présence.
Ce cadre a été créé dans cette intention.